Afin d’évoluer sur la voie du yoga, la connaissance des huit membres du yoga est essentielle. Dans cet article, nous nous attarderons sur la cinquième branche qui est le « Pratyahara ». Il s’agit de la suite logique de la précédente branche, le pranayama. À mesure que vous pratiquez le pranayama, cela augmente votre concentration et vous aide à vous libérer de l’agitation ainsi que du poids de votre mental. Cela vous mène alors vers Pratyahara, discipline focalisée sur le retrait des sens. Que faut-il donc savoir exactement sur ce cinquième membre du yoga ? Comment le maîtriser ? Découvrez tout cela ci-dessous. Et rappelez-vous, si le yoga est une activité physique axée sur des exercices exécutés, il vous aide aussi à mieux vivre dans votre corps, intérieurement et extérieurement. Pour tirer pleinement profit de ces exercices, munissez-vous d’accessoires de yoga adaptés.
Pratyahara ou le retrait des sens
Si vous désirez avancer au yoga, il est fondamental d’écarter votre mental des sensations extérieures. C’est ce qu’enseigne principalement le Pratyahara. Cinquième des huit branches de l’Ashtanga yoga, le Pratyahara est moins connu que les autres branches. Et pourtant, il est absolument indispensable de le connaître, étant donné qu’il constitue le point de transition entre les exercices physiques et les pratiques mentales. Littéralement, Pratyahara veut dire « retrait des sens ». Il est le dernier des branches extérieures ou « Bahir-Anga ». Une fois que vous avez le contrôle sur cette étape de l’Ashtanga yoga, vous pouvez passer à la phase ultérieure. Là où le travail s’effectue en vous et dans votre esprit. C’est pour cela que les trois membres qui suivent Pratyahara, à savoir Dharana, Dhyana et Samadhi, sont nommés « membres intérieurs ». Afin de parvenir au Pratyahara, vous devez détourner votre esprit de tous les mécanismes sensoriels. Mais voilà, cela peut s’avérer compliqué à appliquer. Et pour cause, chaque sens est suscité par différentes choses, et est à la quête éternelle de stimuli. C’est notamment pour cette raison que la nuit, avant de vous coucher, vous avez l’impression de vous relaxer lorsque vous regardez la télévision et que vous changez sans cesse de chaîne. Parce que vous n’avez pas été apprêté au retrait des sens, vous ressentez toujours le besoin de vaquer à quelques occupations que ce soit. Ce, même pendant les quelques secondes où vous devez attendre que quelqu’un vous ouvre la porte après que vous avez appuyé sur la sonnette. En réalité, être en paix avec vous-même se révèle bien plus compliqué que cela n’y paraît.
Faire le vide dans l’esprit
À l’heure actuelle, la société nous expose à une multitude de stimulations sensorielles, qui nous empêchent de faire la différence entre la nécessité et la satisfaction. Le Pratyahara vous initie à l’art de contrôler vos sens, en faisant en sorte de les « omettre » de manière intense. Avec le temps et l’expérience, votre esprit se mettra à réguler le flux sensoriel auquel il est soumis, puis à le bloquer totalement. Comme il est d’usage au yoga, la pratique est primordiale. Ainsi, dans le cadre de Pratyahara, il est plus important d’expérimenter l’abandon sensoriel que d’en faire la description. En effet, plus vous vous essayez aux expériences « spirituelles » et plus il est complexe de les dépeindre. En fait, Pratyahara est une expérience que vous avez sans doute déjà vécue dans votre vie, et pas seulement à une reprise, mais à de nombreuses fois. Dans la plupart des cas, elle s’accomplit inconsciemment. À titre d’exemple, lorsque vous êtes complètement concentré dans une activité telle que la peinture, la lecture ou un travail manuel, vous vous isolez entièrement de toutes les stimulations sensorielles qui vous environnent. Vous vous focalisez exclusivement sur la toile que vous peignez, sur l’histoire que vous lisez ou sur la poterie que vous modelez. C’est alors que vous vous installez de façon naturelle à un niveau où aucun flot sensoriel ne peut vous gêner, tellement votre concentration est globalement prise par votre activité. Bref, grâce à Pratyahara, vous faites le vide dans votre esprit et vous développez ce que le tantrisme appelle la conscience ou le soi. Vous vous retranchez de la vision de tout ce qui vous entoure. Lors de l’exécution des asanas sur le tapis de yoga, au lieu de regarder autour de vous, vous fixez un point précis afin d’éviter l’éveil de vos sens.
Atteindre Pratyahara grâce à la vision et à la respiration
Deux techniques peuvent vous aider à accéder aisément à Pratyahara et à conserver cet état le plus longtemps possible : « Trataka » ou le regard immobile et « Ajapa Japa » ou la concentration sur la respiration. Ces deux méthodes vous seront d’une aide précieuse pour les phases successives à Pratyahara.
Le regard fixe ou Trataka
Trataka est un entraînement yogique de fixation visuelle. Voici un moyen de l’appliquer. Sur une feuille blanche, dessinez un point. Suspendez la feuille au mur et reculez de deux grands pas vers l’arrière. Le point doit être situé au même niveau que vos yeux, ou du moins un peu en dessous. Placez-vous en posture de méditation ou asseyez-vous sur une chaise en tenant votre dos droit. Maintenez votre regard et ne fermez pas les yeux. Pour débuter, faites l’exercice deux minutes puis augmentez d’une minute par jour. Lorsque les deux minutes sont passées, fermez vos yeux en visualisant le point dans votre esprit pendant la même durée que la première partie de l’exercice. Vous pouvez également réaliser cet exercice en regardant la flamme d’une bougie.
La concentration sur le souffle ou Ajapa Japa
Vous pouvez vous exercer à la concentration du souffle à toute heure de la journée. Vous devez juste vous asseoir dans un endroit tranquille. Puis fermez vos yeux et prêtez uniquement attention à votre respiration. Au moment d’inspirer, formulez dans votre tête le son « So ». Lors de l’expiration, dites mentalement « Ham », jusqu’à la fin de l’expiration. Vous avez la possibilité de vous adonner à Ajapa Japa autant que vous le voulez.
Somme toute, l’application de Pratyahara est un instant béni, durant lequel le tumulte du mental cesse et en même temps l’esprit est vide. Ce qui est favorable au passage vers l’état méditatif « Dhyana ». Dans la situation actuelle où les stimulations extérieures sont pléthoriques, Pratyahara est un instrument bénéfique et nécessaire. Ce, si vous souhaitez atteindre la paix intérieure et jouir d’une pleine autonomie de votre conscience.