À la fois une philosophie et une discipline, le yoga tire ses origines de l’Inde. Au-delà des asanas pratiquées sur votre tapis de yoga, cette discipline comprend plusieurs branches : méditation, visualisation, pratique des mantras, respiration … Pour comprendre les fondamentaux du yoga, un retour dans l’histoire pourrait être très intéressant. Toute personne adepte du yoga devrait au moins avoir connaissance des origines de cette discipline pour mieux la pratiquer. Si la création du yoga remonte à 5 000 ans av. J.-C., les premiers écrits qui relatent sa philosophie datent d’environ 200 ans av. J-C. Il s’agit du Yoga-sûtra de Patañjali. Découvrons ensemble ce que renferme ce précieux recueil de textes philosophiques.
Tout autour du Yoga-sûtra
Le Yoga-sûtra, ou les Yoga-sûtra, est un recueil de textes présentant le système philosophique du yoga. Il est constitué de 195 sûtra répartis en 4 pâda. Un sûtra, ou aphorisme, est une phrase brève, facile à comprendre et à mémoriser. Un pâda est considéré comme un chapitre. Au total, le Yoga-sûtra comprend 1 161 mots.
Le Yoga-sûtra est considéré comme l’œuvre de référence du yoga. En effet, il décrit les différentes façons de pratiquer et de comprendre le yoga, et comment l’intégrer dans notre vie. Le but principal du Yoga-sûtra est de conduire l’humanité au bonheur parfait. Pour y arriver, une action à l’intérieur du corps est à effectuer. De cette manière, nous pouvons nous libérer de la confusion et de l’ignorance.
Ce recueil de textes philosophiques a été rédigé en sanskrit. Les sûtras ont été rédigés sous forme de phrases simples et courtes. Ces aphorismes sont complets, bien structurés et précis. Les yogis intéressés pas l’enseignement du yoga doivent apprendre par cœur ces derniers. Ensuite vient l’étape où le sens de chaque mot est étudié en profondeur. Des maîtres qualifiés peuvent assister les étudiants dans l’apprentissage du Yoga-sûtra. En effet, comme le yoga est ouvert à tous, chaque disciple est unique dans son rythme et sa compréhension des fondamentaux du Yoga-sûtra.
Découverte de l’auteur du Yoga-sûtra
Ce recueil de sûtra est appelé « Yoga-sûtra de Patañjali ». Pourquoi ? Tout simplement parce que son fondateur est Patañjali. Mais la période pendant laquelle ce fondateur a vécu est plus ou moins floue dans l’histoire du yoga. C’est la raison pour laquelle il est difficile de situer précisément la date de création du Yoga-sûtra. Des chercheurs ont démontré que Patañjali a vécu en l’an 200 av. J.-C., et qu’il a écrit son ouvrage pendant cette période. Selon d’autres théories, d’autres auteurs ont contribué dans la composition de cet ouvrage, car les styles d’écriture sont plus ou moins différents.
D’après les mythes sur Patañjali, il serait venu du ciel pour apprendre le yoga sur terre. À son arrivée ici, il a pris la forme d’un serpent qui se transforma ensuite en un petit garçon, fils du sage Gonika. Patañjali est connu dans d’autres domaines également : la médecine et la grammaire, par exemple. Mais c’est dans le yoga qu’il a le plus apporté son influence grâce au Yoga-sûtra.
Les quatre chapitres du Yoga-sûtra
Le Yoga-sûtra est composé de quatre chapitres ou pâda. Dans l’ordre, ils sont: Samādhi pāda, Sādhana pāda, Vibhūti pāda, et Kaivalya pāda. Chaque chapitre offre un enseignement riche et concis.
- Samādhi pāda : Ce premier chapitre est également appelé chapitre de la concentration qui conduit à la contemplation. Il est composé de 51 sûtras. Ce chapitre définit le yoga et sa pratique, ainsi que les problèmes rencontrés suivis de leurs solutions. Le sens même du yoga y est abordé. Dans cette première étape, ce qui est très important est la concentration. Être concentré permet d’atteindre le Samâdhi, ou l’état supérieur de la conscience. Un des sûtras clé de ce chapitre est : « yogaś cittavṛttinirodhaḥ » ou « Le yoga est l’arrêt des activités de la pensée ». Il s’agit alors de suspendre toute activité mentale et psychique lors de la pratique du yoga.
- Sādhana pāda : Ce deuxième chapitre se focalise sur la pratique, généralement spirituelle. Il contient 55 sûtras. Le Sādhana pāda explique comment développer l’attention pour éviter toute distraction dans ce monde où nous vivons. Il présente différentes techniques qui permettent de se détacher de toute forme de souffrances pour obtenir la paix. Deux formes de yoga y sont décrites : le yoga des techniques (ou kriyâ yoga) et le yoga à huit branches (ou ashtânga yoga). Le yoga des techniques se base sur la pratique de tapas. Ces derniers se caractérisent par des exercices d’ascétisme (jeûne, célibat, silence sur plusieurs jours…), de Svādhyāya et d’īśvara-praṇidhāna. Les huit directions de l’ashtânga yoga, quant à elles, constituent les fondements de la pratique du yoga. Les cinq premières directions sont décrites dans ce chapitre et constituent les bases du hatha-yoga. Ce sont : le yama, le niyama, l’asana, le pranayama et le pratyahara. En d’autres termes, il s’agit : des devoirs moraux envers les autres, de la discipline dans la pratique quotidienne, de la stabilité dans la posture, de la respiration yogique, et du retrait des sens.
- Vibhūti pāda : Ce pâda de 55 sûtras est également appelé « le chapitre des pouvoirs ». Le mot « vibhūti » ou « siddhi » est littéralement décrit comme « pouvoir ». Ce troisième chapitre décrit des états supérieurs de conscience et présentent les techniques pour les atteindre. Les trois dernières branches de l’ashtânga yoga y sont décrites : le dhâranâ, le dhyâna, et le samâdhi. Les enseignements se basent sur la concentration, la méditation et l’éveil.
- Kaivalya pāda : Ce dernier chapitre décrit le principal but à atteindre dans le yoga. Il s’agit de la libération. Les 34 sûtra qui le composent exposent les étapes vers le détachement ultime pour arriver à l’émancipation ou la liberté. Dans cet état, l’esprit est totalement maîtrisé, l’individu perçoit clairement tout et se libère de tout attachement. Ce dernier stade requiert de la patience et une pratique assidue.
Pour terminer, il est à remarquer que la traduction et l’interprétation du Yoga-sûtra se heurtent à plusieurs difficultés. Un des plus grands obstacles est la langue d’origine, le sanskrit, qui n’est pas très connue et vulgarisée. Les interprétations diffèrent légèrement d’un professeur à un autre. C’est pourquoi il est conseillé de choisir un « point de vue » ou une « interprétation ». N’hésitez pas à vous faire assister par un enseignant de yoga dans la découverte du Yoga-sûtra. La prochaine fois que vous partez au studio, insérer dans vos sacs de yoga des livres sur le Yoga-sûtra de Patanjali. Quoi de mieux que de revenir aux sources pour une pratique plus consciente et plus mûre du yoga.